La France a la réputation de taxer lourdement les revenus de l’épargne. Nous allons voir que ce constat est en partie vrai, mais qu’il existe plusieurs dispositifs d’épargne profitant d’une fiscalité intéressante.
Les revenus de placements tels que les intérêts perçus sur des livrets bancaires (hors livrets réglementés), les dividendes perçus sur un compte-titres et les plus-values réalisées à l’occasion de la cession d’actions ou de fonds d’investissement sont imposables et entrent dans la catégorie des revenus de valeurs mobilières. Par défaut, ces gains sont imposés au prélèvement forfaitaire unique de 30 %. Les contribuables non imposables peuvent opter pour l’imposition au barème de l’impôt sur le revenu, auquel cas, seuls les prélèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent sur les gains.
Parmi les placements fiscalement attractifs, les Français plébiscitent le livret A et le livret Développement Durable et Solidarité (LDDS). Près de 9 épargnants sur 10 possèdent un livret réglementé. Les gains ne sont pas imposables mais ce type de placement n’est pas intéressant pour autant car son taux de rémunération est très faible, il est d’ailleurs inférieur à l’inflation.
Pour obtenir une bonne rémunération de leur épargne, les Français ont à disposition plusieurs dispositions offrant à la fois un régime fiscal attractif et l’accès à des supports d’investissement performants pour développer leur patrimoine sur le long terme. Nous allons ici présenter les 3 dispositifs les plus populaires pour investir son épargne.
L’assurance vie
Près d’un ménage sur 2 possède un contrat d’assurance vie. Il s’agit du placement financier préféré des Français si l’on mesure sa popularité en termes d’encours investis. Les encours en assurance vie dépassent les 1800 milliards d’euros, c’est trois fois plus que le total des encours investis sur les livrets réglementés. Et cela s’explique notamment car les versements sur l’assurance vie ne sont pas plafonnés, il est d’ailleurs possible de détenir plusieurs contrats.
Du côté de son fonctionnement, l’assurance vie n’est pas un support d’investissement mais un dispositif au sein duquel l’épargnant est libre d’allouer son épargne sur différents supports d’investissement. Les meilleurs contrats référencent des centaines de supports, l’essentiel de ces supports sont des fonds d’investissement investis sur les marchés actions et obligataires. L’assurance vie permet également d’investir sur des supports immobiliers tels que les SCPI, les OPCI, etc. Les épargnants souhaitant investir sans risque de perte en capital se tournent vers les fonds euros. Ces fonds représentent encore aujourd’hui le support préféré des épargnants investis en assurance vie.
L’assurance vie bénéficie d’une fiscalité attractive. Les gains réalisés au sein du contrat ne sont pas imposés. L’imposition n’intervient qu’en cas de retrait. Aussi, si le contrat a plus de 8 ans, l’épargnant bénéficie d’un abattement de 4600 euros sur les plus-values imposables à l’occasion d’un retrait. L’assurance vie est donc un outil très intéressant pour se construire un patrimoine.
L’assurance vie est également un dispositif intéressant pour transmettre son capital. En effet, les bénéficiaires désignés du contrat (enfants, petits-enfants, proches…) bénéficient d’un abattement conséquent sur l’assiette taxable (jusqu’à 152 500 euros) à la succession. C’est cet avantage qui justifie le nom de ce dispositif. Ainsi, l’assurance vie permet d’apporter une protection financière aux bénéficiaires désignés.
Le plan d’épargne retraite (PER)
Le plan d’épargne retraite est un dispositif très récent offrant des possibilités d’investissement semblables à celles de l’assurance vie. Et pour cause : les PER au format assurantiel sont gérés par les mêmes assureurs et distribués par les mêmes courtiers et banques que les contrats d’assurance vie. On retrouve donc les mêmes supports d’investissement et les mêmes prestations, que ce soit en termes de tarification ou d’options de gestion (arbitrage automatique, gestion pilotée, etc.).
La différence se fait sur le plan fiscal et sur les modalités de versement et de retrait du capital. Tandis qu’avec l’assurance vie le capital est disponible à tout moment (l’épargnant peut réaliser un rachat partiel quand il le souhaite, peu importe l’âge du contrat), ce n’est pas le cas du plan d’épargne retraite. Le capital versé sur un PER est bloqué jusqu’au moment où l’épargnant prend sa retraite. En contrepartie de cette contrainte majeure, le PER offre un cadre fiscal inégalé. Les versements réalisés sur le PER sont déductibles du revenu imposable. Ce dispositif est donc l’un des plus simples et des plus efficaces pour diminuer son impôt sur le revenu.
Note : il reste possible de récupérer l’argent placé sur le PER avant la retraite dans des cas biens spécifiques. Le rachat anticipé est notamment possible en cas d’achat d’une résidence principale, ou conséquemment à différents cas d’aléas de la vie : invalidité, fin de droit au chômage, faillite (liquidation judiciaire).
Le plan d’épargne en actions (PEA)
Les actions constituent une classe d’actifs incontournable dans un patrimoine diversifié. Les investisseurs peuvent investir en direct dans des titres cotées, ou se tourner vers des fonds d’investissement dont les gérants auront la mission d’allouer le capital sous gestion, pour le compte des clients, sur les marchés actions.
Le plan d’épargne en actions (PEA) est le dispositif le plus intéressant pour investir en actions. Ce dispositif n’est accessible qu’aux personnes résidant en France. Le PEA se présente comme une enveloppe avec d’un côté une poche de liquidité, et de l’autre les investissements réalisés. Les dividendes et les gains consécutifs à la revente d’une ligne du portefeuille atterrissent dans la poche de liquidité du PEA.
Le point fort de ce dispositif est d’ordre fiscal : les gains ne sont pas taxés tant que l’argent reste sur le plan.
Et sur un PEA de plus de 5 ans, les retraits bénéficient d’une fiscalité avantageuse, seuls les prélèvements sociaux sont collectés (17,2 %).
Le PEA est donc fiscalement plus attractif que le compte-titres, mais il est aussi plus plus contraignant puisque l’épargnant doit investir sur des valeurs européennes. Il ne peut pas loger de valeurs américaines. Il reste toutefois possible d’investir en dehors de l’Europe en passant par des fonds synthétiques. Ces fonds détiennent un panier de valeurs européennes (conformément aux contraintes posées par le PEA) mais répliquent la performance d’autres indices (S&P 500, NASDAQ, etc.) à l’aide de produits dérivés. Nul ne sait combien de temps cette faille persistera, le législateur n’avait certainement pas envisagé cette astuce pour contourner l’esprit de la loi à la création du dispositif.
En résumé, dans une optique de diversification et de disponibilité du patrimoine, l’assurance vie reste l’outil le plus souple. Le plan d’épargne retraite (PER) et le plan d’épargne en actions (PEA) répondent à des objectifs plus spécifiques, mais ils ont également toute leur place dans la construction d’une stratégie d’épargne performante.